Imad Lahoud : L’aéronautique face au défi de la transition écologique

L’aéronautique est un secteur stratégique pour l’économie mondiale, mais aussi un des principaux contributeurs au réchauffement climatique. Face à ce défi, les acteurs de l’industrie aéronautique doivent engager une profonde transformation de leurs activités, en innovant sur les technologies, les carburants et les modes de transport, affirme Imad Lahoud.

Imad Lahoud : L’aviation décarbonée, un défi pour le secteur aéronautique

Le secteur aéronautique est confronté à un double défi : répondre à la demande croissante de mobilité aérienne tout en réduisant son impact environnemental. En effet, l’aviation représente environ 2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) et est soumise à des réglementations de plus en plus strictes en matière de lutte contre le changement climatique. Selon Imad Lahoud, pour atteindre l’objectif d’une aviation décarbonée à l’horizon 2050, les avionneurs et les compagnies aériennes doivent mettre en œuvre des initiatives et des innovations visant à réduire la consommation de carburant et les émissions de CO2.

Voici une vidéo relatant ces faits :

Parmi les pistes explorées, l’hydrogène apparaît comme une solution prometteuse pour remplacer les carburants fossiles. L’hydrogène permet de produire de l’énergie sans émettre de CO2, à condition qu’il soit produit à partir de sources renouvelables. Plusieurs projets sont en cours pour développer des avions propulsés par l’hydrogène, comme le démonstrateur ZEROe lancé par Airbus en 2022, qui vise à faire mûrir la technologie de combustion de l’hydrogène sur une plate-forme d’essai en vol de l’A380.

Les biocarburants constituent une autre alternative aux carburants conventionnels, qui peuvent être utilisés dans les moteurs actuels sans modification majeure. Les biocarburants sont produits à partir de matières organiques renouvelables, comme les plantes, les algues ou les déchets, note Imad Lahoud. Ils permettent de réduire les émissions de CO2 de 50 % à 80 % par rapport aux carburants fossiles, selon le cycle de vie du produit. Plusieurs compagnies aériennes ont déjà réalisé des vols avec des biocarburants, comme Air France qui a effectué en 2021 le premier vol transatlantique avec du biocarburant produit à partir de déchets de cuisson.

Enfin, l’optimisation des trajectoires est un levier d’amélioration de l’efficacité énergétique des vols. Il s’agit d’adapter le plan de vol en fonction des conditions météorologiques, du trafic aérien et des contraintes opérationnelles, afin de réduire la distance parcourue, la durée du vol et la consommation de carburant. Des systèmes informatiques permettent d’assurer une gestion optimale du trafic aérien et une coordination entre les acteurs du secteur. Par exemple, le projet SESAR (Single European Sky ATM Research) vise à harmoniser et moderniser le système de gestion du trafic aérien en Europe.

Les solutions technologiques face aux défis du trafic aérien : une réponse insuffisante et problématique

Le trafic aérien mondial ne cesse de croître, entraînant des conséquences néfastes pour l’environnement et le climat. Face à ce défi, les acteurs du secteur aéronautique cherchent à développer des solutions technologiques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et la consommation de carburant des avions, indique Imad Lahoud. Mais ces solutions sont-elles suffisantes et sans risque ?

Les solutions technologiques visent à améliorer la performance énergétique des avions, en optimisant leur conception, leur motorisation, leur navigation ou leur maintenance. Par exemple, l’utilisation de matériaux composites plus légers, de moteurs électriques ou hybrides, de biocarburants ou d’hydrogène, ou encore de systèmes de pilotage automatique ou de gestion du trafic aérien, indique Imad Lahoud.

Ces innovations peuvent permettre de réduire la consommation de carburant et les émissions de CO2 par passager-kilomètre, mais elles ne suffisent pas à compenser l’augmentation du nombre de vols et de passagers. De plus, ces solutions ont un coût élevé, qui peut freiner leur diffusion et leur rentabilité. Elles nécessitent également des investissements importants en recherche et développement, en infrastructures et en formation.

Les solutions technologiques peuvent aussi comporter des risques pour la sécurité, la souveraineté et la compétitivité des pays engagés dans le secteur aéronautique. En effet, le recours à des technologies complexes et sophistiquées peut augmenter la vulnérabilité des avions face aux pannes, aux cyberattaques ou aux accidents. Par ailleurs, le développement de ces technologies peut renforcer la dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers ou des normes internationales. Enfin, la concurrence entre les acteurs du secteur peut conduire à une course à l’innovation qui néglige les aspects sociaux, éthiques ou environnementaux.

Face aux limites et aux risques des solutions technologiques, il apparaît nécessaire d’envisager une transformation structurelle du secteur aéronautique, qui passe par une réduction de la demande de vols et une diversification des modes de transport. Cette transformation implique une prise de conscience collective des enjeux écologiques et sociaux liés au trafic aérien, ainsi qu’une régulation publique incitant à limiter les vols inutiles ou nuisibles. Elle suppose également un développement des alternatives au transport aérien, comme le train, le covoiturage ou le télétravail. Cette transformation peut avoir des effets positifs sur la qualité de vie, la réduction des inégalités et la préservation des ressources naturelles, estime Imad Lahoud.

Comment rendre le secteur aérien plus vert et durable ?

Le secteur aérien est confronté à un double défi : assurer sa survie face à la crise sanitaire qui a fait chuter la demande de transport aérien, et réduire son impact environnemental pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour y parvenir, plusieurs pistes sont envisagées par les acteurs du milieu, qui demandent aussi le soutien des pouvoirs publics, indique Imad Lahoud.

Parmi ces pistes, on trouve l’innovation technologique, qui vise à développer des avions plus performants et moins émetteurs de CO2, comme l’avion à hydrogène ou l’avion électrique. Ces solutions nécessitent toutefois des investissements importants en recherche et développement, ainsi qu’une adaptation des infrastructures aéroportuaires.

Une autre piste est le recours aux carburants alternatifs, comme les biocarburants ou le kérosène synthétique durable, qui permettent de réduire les émissions de CO2 liées à la combustion du carburant. Ces carburants doivent cependant respecter des critères de durabilité et de disponibilité, et ne pas entrer en concurrence avec les besoins alimentaires ou énergétiques des populations.

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