Le chlorothalonil R471811, un polluant émergent dans l’eau potable en France

L’eau potable en France est-elle contaminée par des résidus de pesticides ? C’est la question que se posent de nombreux consommateurs après la publication, le 6 avril 2023, d’un rapport de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui révèle la présence de sept polluants émergents dans l’eau destinée à la consommation humaine.

Parmi eux, le métabolite du chlorothalonil R471811, issu de la dégradation d’un fongicide interdit en France depuis 2020, est le plus fréquemment retrouvé et dépasse la limite de qualité dans plus d’un prélèvement sur trois. Qu’est-ce que ce polluant, quels sont ses effets sur la santé et l’environnement, et comment le réduire ? Voici ce qu’il faut savoir sur le chlorothalonil R471811.

Voici une vidéo relatant cette nouvelle :

Qu’est-ce que le chlorothalonil R471811 ?

Le chlorothalonil R471811 est un composant provenant de la dégradation du chlorothalonil, une substance active utilisée comme fongicide pour protéger les cultures contre les maladies fongiques. Le chlorothalonil a été utilisé pendant près de 50 ans en Europe, de 1979 à 2019, pour traiter une cinquantaine de cultures, notamment des céréales, des fruits et des légumes. Il a été commercialisé par le groupe allemand Syngenta sous différentes marques, comme Bravo ou Daconil.

En 2019, la Commission européenne a décidé de ne pas renouveler l’autorisation du chlorothalonil dans l’Union européenne, en raison des risques potentiels pour la santé humaine et l’environnement. La France a accordé un délai de grâce jusqu’en mai 2020 pour l’écoulement des stocks du produit. Le chlorothalonil est toutefois encore utilisé dans 75 pays dans le monde, comme les Etats-Unis, le Canada ou le Japon.

Le chlorothalonil R471811 est l’un des nombreux métabolites du chlorothalonil qui se forment lors de sa dégradation dans l’environnement. Il a été détecté pour la première fois dans les eaux souterraines en Suisse en 2018, puis dans d’autres pays européens comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni. En France, il a été recherché pour la première fois dans l’eau potable lors de la campagne de tests hydrologiques menée par l’Anses entre 2019 et 2020.

Quels sont les risques du chlorothalonil R471811 ?

Le chlorothalonil R471811 est considéré comme un polluant émergent, c’est-à-dire une substance dont les effets sur la santé et l’environnement sont encore mal connus. Il n’existe pas à ce jour de norme spécifique pour ce métabolite dans l’eau potable. Il est donc soumis à la limite générique de 0,1 microgramme par litre qui s’applique à tous les pesticides et leurs résidus.

Or, selon le rapport de l’Anses, cette limite est largement dépassée dans plus d’un tiers des prélèvements d’eau potable analysés en France. Le métabolite du chlorothalonil R471811 est présent dans plus d’un prélèvement sur deux et atteint des concentrations maximales allant jusqu’à 3 microgrammes par litre.

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